Définition :
"La norme est par essence facultative. Règle technique purement descriptive et nullement impérative, elle ne constitue qu'une « ardente recommandation concertée » à laquelle les professionnels tirent, dans la majorité des cas, des avantages à se soumettre " (extrait du Dictionnaire Juridique Lamy droit économique 2007)
La confusion entre norme et loi :
"...c'est sans doute à Hans KELSEN que le terme doit d'être utilisé pour désigner un concept plus général que celui de règle ou de loi, couvrant toutes les variétés d'obligations, de permissions ou d'interdictions, quel que soit le domaine (droit, morale etc.) et quelque soit le degré de généralité ou de particularité, d'abstraction ou de concrétisation.(...)" (Dictionnaire de la Culture juridique, Sous la direction de Denis ALLAND et Stéphane RIALS,Edition LAMY, PUF)
Prétendre que le concept de norme est synonyme de règle de droit est un raccourci hasardeux comme vous pouvez le comprendre. Ces paragraphes sont tirés d’interventions de Yann M. sur le forum www.plongeur.com
La norme se verra conférer force obligatoire qu'à partir du moment ou elle sera directement intégrée dans un texte législatif ou réglementaire, ou lorsque ces derniers y feront référence.
La norme EN 13144-3, celle qui sera effective en novembre 2008 est binaire : elle sera ou ne sera pas : comme elle s’applique à tout mélange contenant au moins 22% d’oxygène, sans faire de distinguo dans le parc des blocs entre ceux qui serviront à plonger nitrox et ceux qui serviront à faire des décos (N80 ou oxy pur), je continue à écrire qu’en l’état, cette norme est dangereuse : les risques de remplir les mêmes blocs avec des nitrox 22 ou 99 ne sont pas négligeables.
Nous savons, enfin, nous entendons parler puisque ces normes sont payantes et protégées par des copyright en FRANCE et pas lisible par ceux qui ne les achètent pas, nous savons donc que les détendeurs et robinets de blocs des circuits ouverts appartenant à des structures devront être équipés en M26 en novembre 2008. Nous ne devons plus trouver à la vente, en neuf, des matériels non M26 pour les mélanges suroxygénés.
Mais qu’en est il des gaz qui sortent des compresseurs et qui servent à remplir les blocs ? Comment savoir qu’ils sont bien oxy clean (la norme EN 13979 leur en fait obligation) ?
Comment être sur que le gonfleur ne va pas polluer nos blocs (et par là nos détendeurs) ?
Qui va avoir la capacité de dégraisser, de mettre au service oxygène, tous les détendeurs équipés de M26 qui sont sur le marché et les blocs correspondants ?
(eh oui, à la date fatidique, tous ces matériels pourront recevoir de l’oxygène pur, quelque soit leur état).
Concrètement, comment cela peut il se passer ?
Prenons comme exemple, un plongeur que nous appellerons Pierre possède un bloc frappé groupe 1 pouvant recevoir des mélanges suroxygénés.
Il est équipé en M26 et possède le détendeur avec le même montage.
Aujourd’hui, il reste dans le bloc de notre plongeur 60 bars de N99. Il envisage de faire une épave profonde et de se servir du reste pour sa décompression.
Il rentre chez lui avec 10 bars d’oxy et prend contact avec un centre voisin qui est équipé un compresseur à membrane perméable.
Comme il a prévu une petite plongée au nitrox le week-end prochain, il dépose son bloc pour que le gonfleur, Paul, le remplisse et qu’il aie, au bout du compte un N32..
Nous arrivons le dimanche suivant ; Pierre récupère son bloc et fait sa plongée nitrox sans problème. Il est content : il a un bloc dédié aux nitrox , un détendeur qui va bien et le vendeur qui lui a vendu tout ça lui a garanti que ça fonctionnait de 22 à 99 % d’oxygène.
Sa plongée finie, il pense déjà à celle du week-end prochain.
Comme ce sera une profonde, il va aller voir un autre centre dans lequel il fera mettre un N80 pour avoir une déco suroxygénée. Comme il lui reste 50 bars et qu’il ne veut pas gâcher, un N80 lui suffira.
Lundi, en allant au boulot, il dépose son bloc dans le centre de Jean dans lequel il va plonger le week-end prochain en demandant de le remplir en N80.
Lundi après midi, son téléphone sonne : son ( futur ex) copain, Jean, le patron du centre dans lequel il devait plonger le week-end suivant l’appelle : un début d’incendie a ravagé le coin gonflage du centre. L’origine du feu part de son bloc. Il veut savoir pourquoi ….
Notre ami Pierre comprend donc qu’il se trouve face à de très sérieux soucis : en effet, pour le dernier centre, celui de Jean qui a commencé à brûler, l’accident est du à un bloc gras. Les connexions en M 26 n’ont pas su arrêter les pollutions du compresseur de Paul (évidemment, ce n’est pas leur rôle).
Il va falloir maintenant prouver que c’est bien le compresseur de Paul qui est en cause et qu’il a gonflé chez lui la semaine dernière (vous noterez avec encore plus d’acuité que si l’écart entre 2 gonflages se compte en mois, par exemple dernier gonflage fin août et reprise de la saison en mai, ce sera encore plus difficile de prouver sa bonne foi). Le montant des réparations, la perte d’exploitation etc….. donnent des sueurs froides.
Et si, devant la gravité de la situation, le précédent gonfleur, Paul, refuse de reconnaître ses torts, Pierre est dans de sales draps (aller prouver X temps après que la pollution du bloc vient bien du compresseur de Paul ne sera pas facile).
Comme vous l’avez compris, comme cela a été écrit dans d’autres contributions, ce ne sera ni la pose de robinets ou de raccords à la norme EN 13144-3, ni le passage à la date fatidique du 1° novembre 2008 qui purifieront le contenu des bouteilles, les rampes de gonflage ou les détendeurs.
Dans l’exemple cité plus haut, une des causes peut être un problème de filtration du compresseur à membrane qui a pollué l’intérieur du bloc ( ou un bloc gras qui a contaminé la rampe au moment du gonflage, quand les pressions sont équilibrées entre les différentes bouteilles). A ce moment, l’intérieur du bloc devient gras et inflammable au mélange de l’oxygène (sous pression en plus). Vous doutez du risque de contamination ? Regardez autour de vous le nombre de TIV qui, après l’inspection annuelle, rajoute une bonne cueillere à soupe d’huile pour éviter (soit disant) la rouille. Imaginez ce qui se passe quand ces blocs sont mis sur une rampe et que la pression est équilibrée.
Je reviens un bref instant sur la sur filtration nécessaire pour obtenir un air de qualité oxygène (comme le demande la norme EN 13949). La longévité (brève) et le coût (élevé ) de ces filtres feront que leurs propriétaires seront tentés de les changer moins souvent en dépassant la fréquence de changement ; vous aurez compris que dans ce cas là le nitrox sortant du compresseur n’aura plus la qualité nécessaire et polluera le matériel (bloc puis détendeur). Cela promet de beaux démêlés avec les assurances après les accidents, des procès pour tromperie sur la marchandise estés par les plongeurs dont le bloc aura été pollué ( et qui aura causé un début d'incendie). Que du plaisir..
Et la norme, me direz vous ? ce n’est pas elle qui est en cause mais un mauvais entretien du matériel.
Vrai et faux.
Vrai : car la norme ne se borne qu’à identifier le matériel compatible (surtout la EN 13144-3) parce que l’autre, (la EN 13949), pour un non expert, ce n’est pas possible de savoir si les sur-filtres ont été changés, si l’air est de qualité oxy etc…. et c’est là que le bât blesse.
Faux : car elle est mal rédigée ;
Tout d’abord, elle est sélective : elle ne concerne pas les recycleurs. L’oxygène ou le nitrox des recycleurs est moins inflammable que celui des circuits ouverts ??? ou alors il n’y a pas de danger et on invente une norme pour faire du fric sur le dos des plus nombreux ?
Elle concerne tous les nitrox alors que depuis les années 1970 des millions de plongées ont été faites avec du matériel air, donc non dégraissé, jusqu’à 40 % (tant que la confection du nitrox ne se passe pas par pressions partielles)..
Nous serons donc le premier continent, l’Europe, à nous rendre compte, avant tout le monde, que le nitrox est dangereux (enfin, chez nous, hein, parce qu’aux USA où les gens sont procéduriers, aux Maldives, en Asie, en mer Rouge, le même matos est utilisé et continue à l’être).
A ce stade, je vous invite à relire le premier paragraphe (et en particulier les 10 derniers mots).
Une norme accidentogène et que l’on a pas les moyens d’appliquer n’a pas lieu d’exister. Mais, comment cela se passe t il aujourd’hui ?
Il se trouve dans les faits, deux sortes de blocs (hormis les marquages, bien sur) :
Ceux qui contiennent des nitrox dont le pourcentage ne dépasse pas 40 % et qui s’utilisent sans problème avec du matériel air (donc non oxy clean).
Ceux qui ont un pourcentage supérieur à 60% et que l’on peut présumer oxy clean.
Ainsi, en amenant un bloc chez notre gonfleur préféré, son premier geste sera d’analyser le contenu afin de savoir s’il peut envoyer de l’oxygène pur ou pas.
Cas particulier du bloc vide : c’est à l’initiative du gonfleur qui acceptera ou pas d’y injecter de l’oxy…. C’est lui qui prend le risque.
Et dans le cas de Pierre et de son bloc pollué, comme il a plongé avec, son détendeur aussi est pollué. Qui va le nettoyer (et qui va payer ? le pollueur ou le propriétaire du détendeur) ? Autant nous trouvons des commerçants qui vendent des kits de joints, même de qualité oxy, autant ceux qui acceptent de rendre le matériel en inscrivant sur la facture « compatible oxygène » se comptent sur les doigts d’une seule main (et encore).
Comment faire, alors ?
Changer de détendeur et de bloc tous les ans ??
Comme nous pouvons le voir, la norme n’apporte aucune garantie de quoi que ce soit ; elle crée même le doute et favorise la venue d’accident. Elle déresponsabilise les deux parties qui s’appuient chacune sur l’autre.
Si, encore, elle avait été décidée que pour les mélanges au delà de 40 %, bien que l’accidentologie ne le nécessite pas, cela aurait pu servir de détrompeur.
Mais là, que nenni. Quel avenir, donc ? Les centres qui voudront faire du nitrox devront s’équiper de surfiltres efficaces, se tenir aux périodicités de changement. Ils devront posséder des kits de test pour vérifier régulièrement la qualité des mélanges sortant de leurs lignes de gonflages. Les commerçants devront investir et créer des salles blanches pour faire face aux révisions de matériels qui doivent rester oxy clean. Le voudront ils face aux risques que la gestion de matériel propre entraîne ? Les plongeurs devront eux payer : nitrox for free, c’est fini. Le matériel spécifique aux mélanges coûte plus cher (le prix des pigments verts incorporés dans les plastiques, peut être ?). Pour ceux qui voyagent, ils devront posséder leur matériel en double : un détendeur pour plonger en Europe et un pour le reste du monde. Les plongeurs refusant d’investir pourront louer (lire payer) le détendeur qui va bien dans un centre pour plonger nitrox (ou alors le patron du centre ne voulant pas engager sa responsabilité vis à vis d’une éventuelle pollution refusera que les clients utilisent leur matériel et obligera à la location). Les cursus de formation nitrox et nitrox avancés devront être réécris puisque obsolètes ou erronés (la norme ayant changé la donne). Nous avons quand même une solution : en tant que plongeurs-consommateurs, nous pouvons aussi faire comprendre à l’ensemble de la chaîne que nous réfléchissons en refusant d’acheter du matériel en M 26 : les détendeurs en DIN continuent d’exister, ceux à étrier aussi. Pour les particuliers, la norme n’est pas rétroactive. Les adaptateurs se trouvent sans problème dans le commerce. Seuls les clubs et les centres devront être équipés. Si nous refusons d’être les dindons de la farce, si nous refusons d’acheter du matériel en M26 pour faire ce que nous faisons depuis des années sans aucun danger, plonger avec du matériel air jusqu’à 40%, si nous refusons de payer un surcoût conséquent pour le nitrox, que va t il se passer ??? Parlons en avec les patrons de centres de plongée, nos responsables techniques et nos présidents de clubs, avec les syndicats de moniteurs de plongée pour faire retomber dans le néant cette norme dangereuse. Il ne faut pas qu’elle apparaisse dans le prochain arrêté sur la plongée, pour ne pas être applicable. Cette norme, dont le projet est visible ici, http://www1.dannyedmunds.com/01_561661.pdf n’a pas remporté l’unanimité à l’époque : 2 votes contre (l’Autriche et l’Angleterre), 2 abstentions (l’Irlande et le Portugal) ; elle n’est pas irrémédiable et n’a pas, pour l’instant valeur de loi. Vous pouvez nous aider en signant la pétition : www.mesopinions.com/Non-a-l-application-de-la-norme-EN-144-3-M-26-petition-petitions-4058557ef01b72234fd3b1df32e80470.html
merci